Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/290

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cevoir sa tasse de thé dans son chapeau. Les femmes se tenaient assises dans un des salons et rangées comme au théâtre. Pour la plupart, autant que j’en pus juger, elles devaient à la vie de château un teint vif, quelque liberté d’allure et le verbe un peu haut. Mais je n’ai retrouvé dans aucun monde femmes si simples de manières et de langage que celles-ci, qui portaient les plus grands noms de France. Cette société m’inspira un grand respect. Elle ne me déplut pas, loin de là ! mais je m’y déplus et n’y reparus pas.

Fontanet me présenta aussi dans deux ou trois salons du monde des affaires où tout danseur était bien accueilli. Malheureusement, je valsais très mal. Et je le savais. Fontanet aussi valsait mal ; mais comme il ne s’en apercevait point, on ne s’en apercevait guère. Le salon où je réussis le moins mal et où, par conséquent, je me plus le mieux, fut celui de l’ingénieur Airiau, encore obscur à cette époque et dans la première flamme de son ambition. Il improvisait alors son luxe et sa fortune dans un très bel appartement de la place Vendôme. La société française en ce temps-là était perpétuellement en fête. Sans être bon juge en la