Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/300

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ment atteint de la maladie de cœur dont il devait mourir. Secouant une revue de paléontologie :

— Ils ne croient pas à l’homme fossile, me dit-il.

Un rire douloureux secouait ses breloques sur son ventre qui avait fondu.

Madame Danquin tout à fait impotente, assise de l’autre côté de la cheminée, dans un fauteuil, entre ses deux béquilles, gardait sa gaîté constitutionnelle. Elle me parla de toute cette jeunesse à laquelle elle s’intéressait : les jeunes Bondois, Edmée Girey, Élise Guerrier qu’elle se plaignait de ne plus revoir. Elle m’annonça une grande nouvelle, le mariage de Madeleine Delarche qui épousait le docteur Renaudin un peu trop âgé pour elle, peut-être, fils de ses œuvres, sans fortune, mais appelé à un grand avenir.

— Madeleine, me dit-elle, est jolie, distinguée ; vous l’appeliez l’amour sacré à cause de ses yeux rêveurs et de sa taille élancée. Elle a une très jolie dot.

Madame Danquin se recueillit un moment et reprit d’un ton pénétré :

— Nous ne sommes pas d’accord, mon mari