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III

L’ÉCOLE BUISSONNIÈRE

J’en atteste la tête innocente de l’aimable enfant que j’étais alors, la vie scolaire de M. Crottu n’était qu’un tissu d’injustices. Cet homme filait l’iniquité comme l’araignée sa toile. Et, sans me flatter, des trente jeunes enfants qu’il enseignait, c’était moi qui éprouvais les plus grands et les plus nombreux effets de sa mauvaise foi. Je ne lui en aurais pas gardé de ressentiment, étant accoutumé dès l’enfance à trouver les hommes injurieux et durs. Mais je ne lui pardonnai pas son inélégance. Il faut croire que, dans un âge si tendre, je pressentais les hautes vérités