une figure bestiale et cornue, l’habileté la plus consommée aurait à peine suffi ; et je m’y prenais tout de travers, laissant voir ma partialité, accumulant les exagérations et les invraisemblances et affirmant, sans preuve, que le pantalon cannelle de M. Crottu cachait dans son vaste fond une queue de cheval. Quant à mon père, rien n’eût pu ébranler le respect que lui inspirait la hiérarchie ni cette confiance absolue qu’il donnait aux gens qui la méritaient le moins. Je ne réussissais pas mieux à dévoiler M. Crottu à ma bonne Justine. Peu disposée d’ordinaire à me croire, quand je lui rapportais les iniquités de mon professeur, elle me disait :
— Mon petit maître, si vous appreniez bien vos leçons et si vous ne faisiez pas endêver ce pauvre monsieur, vous n’auriez point à vous plaindre de lui ; vous n’auriez qu’à vous en louer.
Et elle me citait l’exemple de son frère Symphorien qui était un bon sujet. Aussi le maître d’école l’avait nommé moniteur et monsieur le Curé lui faisait servir la messe.
— Tandis que vous, vous ferez damner votre bon maître et vous en répondrez devant Dieu.
En vain je produisais les faits les plus pro-