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Page:Anatole France - La Vie littéraire, IV.djvu/161

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JUDITH GAUTIER[1]

C’est la fille du poète. Dans cette petite maison de la rue de Longchamp où, comme il est dit des princesses dans les contes de fées, elle grandissait chaque jour en sagesse et en beauté, Judith apprit dès l’enfance à comprendre et à goûter les formes d’art les plus exquises, les plus rares, les plus étranges. Son père, en parlant comme en écrivant, était un incomparable assembleur de merveilles. Au milieu de ses causeries familières, il faisait, sans y songer, des évocations magiques. Cette maisonnette, baignée l’hiver des brumes de la Seine et des vapeurs du Bois, s’emplissait, à la voix du maître, de toutes les poésies de l’Orient rêvé.

Il me souvient d’avoir vu là, un soir, sur une des tablettes de la bibliothèque, le masque d’or d’une momie

  1. La Conquête du Paradis, par Judith Gautier (dans la bibliothèque des romans historiques. Armand Colin, éditeur). 1 vol.