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Page:Anatole France - La Vie littéraire, V.djvu/114

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LA VIE LITTÉRAIRE

créé le monde. Elle ne s’en afflige pas plus que de raison, car elle est philosophe et encline, dans sa belle indulgence, à pardonner aux hommes, à la nature et à elle-même. D’ailleurs, ayant beaucoup de lecture, elle a sans doute appris de Cunégonde qu’une femme d’honneur peut être exposée à de tels accidents, mais que sa vertu s’en fortifie. Madame Caroline, que la vie a beaucoup ballottée, mais qui a un bon estomac, ne peut se défendre de croire à la bonté finale et définitive de l’univers. C’est un exemple de l’optimisme physiologique que j’essayais d’expliquer. Le bien, c’est la santé. Et la création est bonne, puisque, en définitive, la santé l’emporte sur la maladie, la vie sur la mort.

22 mars 1891.