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LA FÊTE DE L’ÊTRE SUPRÊME

C’est au Musée Carnavalet, dans un silence charmé, que je suis allé vivre la journée du 20 prairial an {II. On y voit, dans une des salles consacrées aux souvenirs de la Révolution, un agréable tableau attribué à Demachy, qui représente la fête de l’Être suprême célébrée avec pompe au Champ-de-Mars, devenu le Champ de la Réunion.

Près de l’École militaire s’élève le temple de la Concorde, construit en rotonde, comme celui de Vesta à Rome, et surmonté d’une pyramide. À droite, l’Hercule gaulois brandit sa massue sur une haute colonne. Du côté du fleuve, une montagne artificielle, qui porte à son faîte un peuplier coiflFé du bonnet de la Uberté, a reçu sur ses sommets et ses pentes couverts de fleurs, de feuillage, de drapeaux et de trophées d’armes, les membres de la Convention, ayant sur la tête des panaches tricolores, les mères de famille vêtues de blanc, les vieillards ornés de pampres, les adolescente le sabre au poing.