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STEPHANE MALLARMÉ
« VERS ET PROSE »

« Voici le singulier, le compliqué, l’exquis Stéphane Mallarmé, petit, au geste calme et sacerdotal, abaissant ses cils de velours sur ses yeux de chèvre amoureuse et rêvant de la poésie qui serait de la musique, à des vers qui donneraient la sensation d’une symphonie. » C’est un poète, c’est M. François Coppée qui faisait de la sorte, il y a dix ans le portrait de son compagnon du Parnasse. M. Stéphane Mallarmé avait dès lors, dans le cercle des connaisseurs, le renom d’un chanteur de chansons exquises et mystérieuses. M. Catulle Mendès disait joliment de lui que c’était ce qu’on appelle au collège un « auteur difficile ».

Il ne venait à aucun de ceux qui approchaient M. Stéphane Mallarmé} le soupçon que ce poète affectât l’obscurité et se plût, par orgueil, à s’envelopper de nuées. Il se montrait à ses amis l’homme