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TAINE ET NAPOLÉON

d’éviter les erreurs dans l’indication des sources. Il a relevé plusieurs fautes de M. Taine. Que ne l’a-t-il fait avec autant de courtoisie que d’habileté ? Hélas ! il a traité M. Taine comme M. Taine avait traité Napoléon. On voudrait plus de sérénité dans ces luttes d’idées, dans ces « combats d’esprits », comme les nomme le vieux Corneille, qui les conduisait si majestueusement. Mais la passion a des droits éternels, qu’elle ne perd jamais. Elle est l’âme des choses humaines. Avec elle, il est impossible de rester dans la mesure et dans l’équité. Ajoutons que sans elle on n’échangerait plus d’idées, car le monde finirait : il n’existe que par elle.

En attendant, les sages et les pacifiques y font une étrange figure. Et voici que tout à coup j’éclate de rire en m’avisant du ridicule personnage que je joue en ce moment même pour vouloir être juste.

2 octobre 1887.