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Page:Anatole France - Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1896.djvu/142

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— Bon ! me dis-je.

— Oui, répondit Gélis ; c’est exact.

— As-tu lu, dit Boulmier, l’article de Tamisey de Larroque dans la Revue des questions historiques.

— Bon ! me dis-je pour la seconde fois.

— Oui, répondit Gélis, c’est plein de choses.

— As-tu lu, dit Boulmier, le Tableau des abbayes bénédictines en 1600, par Sylvestre Bonnard ?

— Bon ! me dis-je pour la troisième fois.

— Ma foi ! non, répondit Gélis. Bonnard est un imbécile.

En tournant la tête, je vis que l’ombre avait gagné la place où j’étais. Il faisait frais et je m’estimai fort sot de risquer un rhumatisme à écouter les impertinences de deux jeunes fats.

— Ah ! ah ! me dis-je en me levant. Que cet oisillon jaseur fasse sa thèse et la soutienne. Il trouvera mon collègue Quicherat ou quelque autre professeur de l’école pour lui river son béjaune. Je le nomme proprement un polisson, et vraiment, en y songeant comme j’y songe à cette heure, ce qu’il a dit de Michelet est intolérable et passe les bornes. Parler ainsi d’un vieux maître plein de génie ! C’est abominable !