Aller au contenu

Page:Anatole France - Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1896.djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

semble qu’une compresse d’arnica lui ferait du bien.

Je m’enfuis dans la rue avec un indicible sentiment de honte.

— Ma pauvre Jeanne !


20 décembre.

Je fus huit jours sans entendre parler de l’institution Préfère. Ne pouvant rester plus longtemps sans nouvelles de la fille de Clémentine et songeant d’ailleurs que je me devais à moi-même de ne pas quitter la place, je pris le chemin des Ternes.

Le parloir me sembla plus froid, plus humide, plus inhospitalier, plus insidieux et la servante plus effarée, plus silencieuse que jamais. Je demandai Jeanne et ce fut, après un assez long temps, mademoiselle Préfère qui se montra, grave, pâle, les lèvres minces, les yeux durs.

— Monsieur, je regrette vivement, me dit-elle en croisant les bras sous sa pèlerine, de ne pouvoir vous permettre de voir aujourd’hui mademoiselle Alexandre ; mais cela m’est impossible.