Page:Anatole France - Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1896.djvu/267

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maussade, et qu’elle m’appelle en secret. Je ne puis m’éloigner. L’inquiétude me prend : je sonne. La servante effarée vient m’ouvrir, plus effarée que jamais. La consigne est donnée ; je ne puis voir mademoiselle Jeanne. Je demande au moins de ses nouvelles. La servante, après avoir regardé de droite et de gauche, me dit qu’elle va bien et me referme la porte au nez. Me voilà de nouveau dans la rue.

Et depuis, que de fois j’ai erré ainsi, sous ce mur, et passé devant la petite porte, honteux, désespéré d’être plus faible moi-même que l’enfant qui n’a en ce monde d’appui que le mien !


10 juin.

J’ai surmonté ma répugnance et suis allé voir maître Mouche. Je remarquai tout d’abord que l’étude est plus poudreuse et plus moisie que l’an passé. Le notaire m’apparut avec ses gestes étroits et ses prunelles agiles sous les lunettes. Je lui fis mes plaintes. Il me répondit… Mais à quoi bon fixer, même dans un cahier qui doit être brûlé, le