Page:Anatole France - Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1896.djvu/270

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Août — Septembre.

J’eus l’idée de venir, un dimanche matin, épier le moment où les élèves de mademoiselle Préfère vont en file à la messe paroissiale. Je les vis passer deux par deux, les petites en tête, avec des mines sérieuses. Il y en avait trois, semblablement vêtues, courtes, rondes, importantes, que je reconnus pour être les demoiselles Mouton. Leur sœur aînée est l’artiste qui dessina la terrible tête de Tatius, roi des Sabins. Au flanc de la colonne, la sous-maîtresse, un paroissien à la main, s’agitait et fronçait les sourcils. Les moyennes, puis les grandes, passèrent en chuchotant. Mais je ne vis pas Jeanne.

J’ai demandé au ministère s’il n’y avait pas au fond de quelque carton des notes sur l’institution de la rue Demours. J’ai obtenu qu’on y envoyât des inspectrices. Elles sont revenues apportant les meilleures notes. La pension Préfère est à leur avis une pension modèle. Si je provoque une enquête, il est certain