Page:Anatole France - Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1896.djvu/303

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— Il y a toute apparence que ce sont des fleurs, Jeanne.

— Oh ! non, ce ne sont pas des fleurs. Regardez.

Je regarde et je vois une petite tête grise qui sort du mouchoir. C’est celle d’un petit chat gris. Le mouchoir s’ouvre : l’animal saute sur le tapis, se secoue, redresse une oreille, puis l’autre et examine prudemment le lieu et les personnes.

Son panier au bras, Thérèse, hors d’haleine, se présente à point à cet examen qui ne lui est pas extraordinairement favorable, car le jeune chat s’éloigne d’elle avec lenteur, sans toutefois tomber dans mes jambes, ni s’approcher de Jeanne qui lui dit des douceurs avec une grande volubilité. Thérèse, dont le défaut n’est pas de dissimuler, reproche véhémentement à mademoiselle d’apporter dans la maison un chat qu’elle ne connaît pas. Jeanne, pour se justifier, raconte l’aventure. Passant avec Thérèse devant la boutique d’un pharmacien, elle voit un apprenti qui envoie d’un grand coup de pied un chat dans la rue. Le chat, surpris et incommodé, se demande s’il restera dans la rue malgré les passants qui le