Page:Anatole France - Le Génie latin.djvu/104

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Madeleine Béjart était fille d’un sous-officier de justice, d’un huissier audiencier à la grande maîtrise des eaux et forêts. Elle ne fut pas tenue, ce semble, par ce père, obéré de dettes et d’enfants, avec une sévérité excessive. On lui a découvert, à dix-huit ans, alors que la famille était sur le pavé, de bien précoces économies. Elle avait eu, en 1638, d’une sorte d’aventurier, le chevalier de Modène, une fille reconnue par le père, dont la femme légitime était encore vivante. Marie Hervé, mère de Madeleine, servit de marraine à l’enfant[1].

Madeleine Béjart était une grande et belle rousse. Molière l’aima, quitta tout pour la suivre et se mit de la troupe.

Agé de vingt et un ans, il fonda l’Illustre-Théâtre. La fière Madeleine, qui avait des planches, fut le chef de l’entreprise. C’est dans la maison de sa mère que l’acte fut signé le 30 juin 1643.

Il fallait à la nouvelle troupe un théâtre. Rien ne convenait mieux qu’un de ces tripots où l’on jouait à la courte paume. Les comédiens louèrent le jeu de paume des Métayers, près de la porte de Nesle[2]. Encore fallait-il transformer le jeu de paume en salle de spectacle. En attendant que les travaux fussent terminés, la troupe alla jouer à Rouen pendant la foire du pardon de saint Romain.

L’Illustre-Théâtre, où l’on jouait la tragédie plus



  1. H. Chardon, M. de Modène, ses deux femmes et Madeleine Béjart, pp. 123-127.
  2. A. Vitu, le Jeu de Paume des Mestayers.