Page:Anatole France - Le Génie latin.djvu/103

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il subsiste un fragment intercalé dans le Misanthrope.

Il est admis par les premiers biographes de Molière qu’il suivit les écoles de Droit et se fit recevoir avocat. Le Boulanger de Chalussay fait dire à Molière dans Élomire :


… En quarante ou quelque peu devant,
Je sortis du collège, et j’en sortis savant ;
Puis, venu d’Orléans où je pris mes licences,
Je me fis avocat au retour des vacances.
Je suivis le barreau pendant cinq ou six mois,
Où j’appris à plein fond l’ordonnance et les lois.
Mais quelque temps après, me voyant sans pratique,
Je quittai là Cujas et je lui fis la nique[1].

Faut-il en croire Grimarest lorsqu’il dit qu’après avoir achevé ses études Molière fut obligé, à cause du grand âge de son père, d’exercer pendant quelque temps la charge de tapissier ordinaire de Sa Majesté et fit le voyage de Narbonne à la suite de Louis XIII ? Le biographe a tort de parler du grand âge de Poque-lin père, qui n’avait pas plus de quarante-sept ans alors. Mais, comme on a par ailleurs la preuve qu’en 1642, lors du voyage du roi Louis XIII dans le midi de la France, Jean Poquelin ne quitta point Paris, on peut croire que son fils, qui avait la survivance de sa charge, fit le voyage à sa place. Et c’est peut-être dans ce voyage que Molière, aux environs de Nîmes, dans une troupe comique qui jouait devant le roi, rencontra la Béjart[2].



  1. Élomire hypocondre ou, les méchans vengés, 1670, p. 75.
  2. Despois et Ménard, Notice, p. 64.