Page:Anatole France - Le Génie latin.djvu/122

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galanterie à la tardive fée fécondité de sa mère ? Pour quelle raison voulut-elle que sa fille fût sa sœur ? Elle ne reniait pas ses enfants quand le père en était le seigneur de Modène. Peut-être Armande était-elle sortie d’une aventure moins qualifiée. L’auteur de la Fameuse Comédienne dit que Madeleine « faisoit la bonne fortune de quantité de jeunes gens du Languedoc dans le temps de l’heureuse naissance de sa fille[1] ». En cette confusion, la petite Armande ne pouvait être tenue par sa mère pour le gage précieux d’une illustre faiblesse.

Toutefois, si l’on en croit l’auteur de la Fameuse Comédienne, qui paraît bien informé, la petite fut nourrie en Languedoc chez une dame d’un rang élevé. Il faudrait croire alors que l’enfant avait pour père un homme de qualité. Molière, quand il se rendit à Lyon, la prit avec lui. Et ce serait cette petite Menou, dont parle Chapelle dans une jolie lettre à Molière. Chapelle, qui sent bien agréablement l’avril aux champs, écrit à son ami :

Toutes les beautés de la campagne ne vont faire que croître et embellir, surtout celles du vert, qui nous donnera des feuilles au premier jour, et que nous commençons à trouver à redire depuis que le chaud se fait sentir. Ce ne sera pas néanmoins encore sitôt ; et pour ce voyage il faudra se contenter de celui qui tapisse la terre, et qui, pour vous le dire un peu plus noblement,



         Jeune et faible rampe par bas
         Dans le fond des prés, et n’a pas




  1. La Fameuse Comédienne, p. 7.