Page:Anatole France - Le Génie latin.djvu/129

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la scène du Palais-Royal, le 5 août 1667. « Le lendemain, sixième, dit le registre de La Grange, un huissier de la cour du Parlement est venu, de la part du premier président M. de la Moignon, défendre la pièce… Le huitième, ajoute le registre, le sieur de la Torillière et moi, de la Grange, sommes partis en poste de Paris, pour aller trouver le roi au sujet de ladite défense… Nous fûmes très bien reçus. Monsieur nous protégea à son ordinaire, et Sa Majesté nous fit dire qu’à son retour de Paris il ferait examiner la pièce de Tartuffe et que nous la jouerions. Après quoi nous sommes revenus. Le voyage a coûté mille livres à la troupe. » Dans le placet dont il les avait chargés pour le roi, le poète faisait valoir qu’il avait changé sa pièce en plusieurs endroits[1].

Elle ne s’appelait plus Tartuffe, mais l’Imposteur. Tartuffe devenu Panulphe y paraissait en homme du monde avec l’épée, grand collet et dentelles.

Le roi, qui aimait ses comédiens et craignait de perdre Molière, disposé à se retirer « si les tartuffes avaient l’avantage », était près de céder quand l’archevêque de Paris publia son ordonnance du 11 août 1667. Il y faisait défense à toutes personnes de son diocèse « de représenter, lire ou entendre réciter ladite comédie, soit publiquement, soit en particulier… sous peine d’excommunication ». Le roi n’était plus libre d’autoriser la pièce, et Molière s’alla retirer à Auteuil.

Il n’y demeura pas longtemps. Rengagé par « la faveur



  1. Registre, p. 89.