Page:Anatole France - Le Génie latin.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Clarisse et Grandisson, ces livres d’un vieillard, traduits par un autre vieillard, représentent ce qu’il y a de plus pur dans la jeunesse. Clarisse et Clémentine paraissent plus innocentes, plus aimables, présentées au monde par ces deux vieux parrains, Richardson et Prévost.

Richardson mourut en 1761 ; l’âge venait pour Prévost et la gravité avec l’âge. Il écrivit à soixante-sept ans le Monde moral, livre sérieux que je n’ai pas lu. Il n’abandonna pas la littérature anglaise. C’est à Saint-Firmin qu’il traduisit l’histoire de Miss Radulphe Almo-ran et Hamlet et les Lettres de Mentor. Il préparait des livres de piété, des traités destinés à confondre les incrédules ; car, je l’ai dit, il n’était point du parti des philosophes et n’avait jamais préféré que les femmes à Dieu.

Le 23 novembre 1769, comme il s’en retournait seul à Saint-Firmin, par la forêt de Chantilly, il tomba frappé d’apoplexie. Des paysans, voyant son corps étendu au pied d’un arbre, le portèrent au curé d’un village voisin. Le curé le fit exposer dans son église