çaient. Je ne trouve d’ailleurs rien de généreux à chasser le cerf, et ne découvre point de noblesse à tuer un animal inoffensif et timide qu’on découpe ensuite par quartiers pour le donner à manger à des chiens. Mais il n’importe ici. Les seigneurs tuaient le cerf selon les règles ; ces règles étaient nombreuses et sévères : le veneur du roi Charles IX, le sieur du Fouilloux, les a exposées dans un traité méthodique. Du Fouilloux parle le langage des veneurs, et c’est un langage très précis, par conséquent fort bon. Or, il se trouve que La Fontaine savait aussi bien que Du Fouilloux la langue de la vénerie et qu’au besoin il la parlait, sans faute.
Il y a dans les Fâcheux un long récit tout plein cle termes de chasse : Molière les apprit, dit-on, de M. de Soyecourt, grand chasseur et grand fâcheux. Je ne sais quel Soyecourt donna sur le même sujet des leçons au fabuliste ; il me suffit que celui-ci possède entièrement la matière.
L’animal chargé d’ans, vieux cert et de dix cors, En suppose un plus jeune, et l’oblige par force A présenter aux chiens une nouvelle amorce. Que de raisonnemens pour conserver ses jours ! Le retour sur ses pas, les malices, les tours,
Et le change, et cent stratagèmes Dignes des plus grands chefs, dignes d’un meilleur sort ! On le déchire après sa mort : Ce sont tous ses honneurs suprêmes.
(ix, Discours à Madame de la Sablière.)
Dix cors, supposer, change, sont des termes de vénerie.