Page:Anatole France - Le Génie latin.djvu/99

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d’opales. À son chapelet de nacre pendait un petit Saint-Esprit orné d’un diamant. Le signet qui servait à marquer les pages de son livre d’heures était garni de perles fines.

Le père de Mme Poquelin, Louis de Cressé, avait dans la grande rue de Saint-Ouen une belle maison de campagne, avec cour, étables et jardin. Jean Poquelin et sa femme y allaient passer le dimanche, dans la belle saison. Et ils, y emmenaient les enfants. Ils y avaient tout ce qu’il leur fallait, même une paire de verges à corriger les petits garçons et les petites filles[1].

Marie Cressé mourut au mois de mai de l’an 1632, en sa trente-deuxième année, laissant après elle en ce monde quatre enfants, trois fils et une fille, dont l’aîné, Molière, avait à peine onze ans. Un an après, en mai 1633, Jean Poquelin épousait en secondes noces Catherine, fille d’Eustache Fleurette, marchand et bourgeois de Paris. Catherine fut-elle Elmire ou Béline ? On ne peut le dire. Mais elle passa vite. Elle donna deux filles à son mari : Catherine en 1634 et Marguerite en 1636, et mourut en couches le 12 novembre 1636. Sur la jeunesse de Molière on sait peu de chose avec certitude. Ayant appris à lire et à écrire, il fut mis dans la boutique, et il y était employé en attendant qu’il fût d’âge à succéder à son père dans la charge de tapissier et de valet de chambre du roi, dont la survivance lui était assurée. Son grand-père maternel, Louis de Cressé, était, dit-on, amateur de



  1. Eud. Soulier, Recherches sur Molière, p. 17.