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ments de Dieu ou à ceux de l’Église.

Or, dans le moment que je trouvai ce petit livre chez mon ami Legoubin, je vis que plusieurs coulpes y étaient marquées d’un pli unique. C’étaient les coulpes extraordinaires de sœur Anne. D’autres avaient été cornées bien des fois et les angles du papier étaient tout usés. C’étaient là les péchés mignons de sœur Anne.

Comment en douter ? Le livre n’avait pas servi depuis la dispersion des religieuses en 1790. Il était encore plein des pieuses images et des prières historiées que la bonne fille avait glissées entre les pages.

Je connus de la sorte l’âme de sœur Anne. Je n’y trouvai que des péchés innocents s’il en fut, et j’ai grand espoir