Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/57

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pièce de théâtre forment un concile inspiré par la sagesse éternelle ; mais le public, ce me semble, apporte ordinairement au spectacle une naïveté de cœur et une sincérité d’esprit qui donnent quelque valeur au sentiment qu’il éprouve. Bien des gens à qui il est impossible de se faire une idée de ce qu’ils ont lu sont en état de rendre un compte assez exact de ce qu’ils ont vu représenté. Quand on lit un livre, on le lit comme on veut, on en lit ou plutôt on y lit ce qu’on veut. Le livre laisse tout à faire à l’imagination. Aussi les esprits rudes et communs n’y prennent-ils pour la plupart qu’un pâle et froid plaisir. Le théâtre au contraire fait tout voir et dispense de rien imaginer. C’est pourquoi