Page:Anatole France - Le Livre de mon ami.djvu/193

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faisait une si belle ombre. Il n’y avait personne dans la chambre… personne que la vieille cabaretière occupée à mettre une nappe blanche sur la table.

De nouveau je regardai le mur : l’ombre n’y était plus.

Alors quelque chose comme une peine d’amour me prit le cœur, et la perte que je venais de faire me désola.

Je réfléchis quelques instants, avec une entière lucidité, puis :

— La mère ! dis-je, la mère ! qui donc était là, tout à l’heure ?

Mon hôtesse, surprise, me dit qu’elle n’avait vu personne.

Je courus à la porte. La neige, qui tombait abondamment, couvrait le sol, et aucun pas n’était marqué dans la neige.

— La mère ! vous êtes sûre qu’il n’y a point une femme dans la maison ?

Elle répondit qu’il n’y avait qu’elle.

— Mais cette ombre ? m’écriai-je.

Elle se tut.

Alors je m’efforçai de déterminer, d’après les principes d’une exacte physique, la place