Page:Anatole France - Le Livre de mon ami.djvu/250

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Sa mère a peur de ce teint-là et de ces yeux-là ; elle craint que trop de travail ne fatigue une tête si petite et molle encore ; elle craint la fièvre, elle craint tout. Elle a peur de porter malheur à l’enfant dont elle s’est enorgueillie. Elle en est presque à souhaiter que son petit garçon, dont elle fut si fière, ressemble au petit du boulanger qu’elle voit tous les jours sur le pas de la boutique, avec une face énorme et plate, des yeux bleus sans regard, une bouche perdue sous les joues et un air de santé bête.

Il ne donne pas d’inquiétude, au moins, celui-là ! Tandis que Pierre change de couleur à chaque instant ; il a ses petites mains brûlantes, et il dort dans son berceau d’un sommeil agité.

Le médecin n’aime guère, non plus, que notre petit ami regarde des images. Il recommande le calme des idées.

Il dit :

— Élevez-le comme un petit chien. Ce n’est pourtant pas difficile !

En quoi il se trompe ; c’est, au contraire, très difficile. Le docteur n’a aucune idée de la