Page:Anatole France - Le Livre de mon ami.djvu/308

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raymond

Quand le soleil tarit les citernes, brûle les prés et sèche le cuir sur l’échine amaigrie des bœufs haletants qui tirent la langue, n’est-ce point un loup dévorant ? Le poil du loup reluit, ses prunelles brillent ; il montre des dents blanches, sa mâchoire et ses reins sont forts : il procède du soleil par l’éclat de son pelage et de ses yeux et par la puissance destructive de ses mâchoires. Vous craignez peu le soleil, Octave, dans ce pays humide où fleurissent les pommiers ; mais le petit Chaperon rouge, qui vient de loin, a traversé de chaudes contrées.

laure

L’aurore meurt et renaît. Mais le petit Chaperon-rouge meurt pour ne plus revenir. Elle eut tort de cueillir des noisettes et d’écouter le loup ; toutefois est-ce une raison pour qu’elle soit mangée sans miséricorde ? Ne vaudrait-il pas mieux qu’elle sortît du ventre de la bête, comme l’aurore de la nuit ?