prenant le café. Sa femme, que je n’avais pas l’honneur de connaître, me sembla passer la cinquantaine. Elle était tout en noir ; de magnifiques dentelles enveloppaient admirablement sa beauté passée, dont l’ombre s’entrevoyait encore. Je fus heureux de lui être présenté ; car j’estime infiniment la conversation des femmes âgées. Nous causâmes de mille choses, au son des violons qui faisaient danser les jeunes femmes, et elle en vint à me parler par hasard du temps où elle logeait dans un vieil hôtel du quai Malaquais.
— Vous étiez la dame en blanc ! m’écriai-je.
— En effet, monsieur, me dit-elle ; je m’habillais toujours en blanc.
— Et moi, madame, j’étais votre petit mari.
— Quoi ! monsieur, vous êtes le fils de cet excellent docteur Nozière ? Vous aimiez beaucoup les gâteaux. Les aimez-vous encore ? Venez donc en manger chez nous. Nous avons tous les samedis un petit thé intime. Comme on se retrouve !
— Et la dame en noir ?
— C’est moi qui suis aujourd’hui la dame en noir. Ma pauvre tante est morte l’année de