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— Vous demeurez dans une vilaine tour, monsieur Robin.

À ces mots, ma mère me pinça le bras dans l’intention, que je saisis fort bien, de m’empêcher de demander un gâteau à mon ami Robin, ce que précisément j’allais faire.

Dans le salon jaune de monsieur et madame Robin, Finette me fut d’un grand secours. Je jouai avec elle et ceci me resta dans l’esprit qu’elle avait aboyé aux meurtriers des enfants d’Édouard. C’est pourquoi je partageai avec elle le gâteau que M. Robin me donna. Mais on ne peut s’occuper longtemps du même objet, surtout quand on est un petit enfant. Mes pensées sautèrent d’une chose à l’autre, comme des oiseaux de branche en branche, puis se reposèrent de nouveau sur les enfants d’Édouard. M’étant fait à leur égard une opinion, j’étais pressé de la produire. Je tirai M. Robin par la manche.

— Dis donc, monsieur Robin, vous savez, si maman avait été dans la tour de Londres, elle aurait empêché le méchant oncle d’étouffer les enfants d’Édouard sous leurs oreillers.

Il me sembla que M. Robin ne comprenait