Page:Anatole France - Le Livre de mon ami.djvu/40

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Mais, pendu à sa jupe, raidi, crispé, je n’entendais rien ; je criais, je hurlais, j’étouffais. Mes regards, pleins d’horreur, nageaient dans les ombres animées par la peur féconde.

À mes cris, une porte s’ouvrit sur le palier et il en sortit un vieux monsieur en qui, malgré mon épouvante et malgré son bonnet grec et sa robe de chambre, je reconnus mon ami Robin, Robin mon ami, qui m’apportait une fois la semaine des gâteaux secs dans la coiffe de son chapeau. C’était Robin lui-même ; mais je ne pouvais concevoir qu’il fût dans la tour, ne sachant pas que la tour était une maison, et que, cette maison étant vieille, il était naturel que ce vieux monsieur y habitât.

Il nous tendit les bras avec sa tabatière dans la main gauche et une pincée de tabac entre le pouce et l’index de la main droite. C’était lui.

— Entrez donc, chère dame ! ma femme va mieux ; elle sera enchantée de vous voir. Mais maître Pierre, à ce qu’il me semble, n’est pas très rassuré. Est-ce notre petite chienne qui lui fait peur ? — Ici, Finette.

J’étais rassuré ; je dis :