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Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/135

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versé sur la terre, pour le rafraîchissement des peuples, les eaux vives de la charité et tous les parfums de l’amour ?

— Je ne sais, répondit madame Martin. Mais les gens raisonnables m’ont toujours paru bien ennuyeux. Je puis le dire à vous, monsieur Choulette.

Ils retournèrent à Fiesole par le tramway à vapeur qui monte, en soufflant, la colline. La pluie tomba. Madame Marmet s’endormit et Choulette se lamenta. Tous ses maux revinrent l’assaillir à la fois : l’humidité de l’air lui donnait des douleurs au genou et il ne pouvait plier la jambe ; son sac de voyage, égaré la veille dans le trajet de la gare à Fiesole, ne se retrouvait pas, et c’était un désastre irréparable ; une revue parisienne venait de publier un de ses poèmes avec des fautes d’impression, coquilles aussi larges que des bénitiers, vastes comme la conque d’Aphrodite.

Il accusa les hommes et les choses de lui être hostiles et funestes. Il fut puéril, absurde, odieux. Madame Martin, qu’attristaient Choulette et la pluie, croyait que la montée ne finirait pas. Quand elle rentra à la maison des cloches, dans le salon, miss Bell, d’une écriture formée d’après l’italique des Aldes, copiait avec de l’encre d’or, sur une feuille de parchemin,