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Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/160

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Il voit sa tante de Lannoix, qu’il admire… » Elle se tranquillisa et se remit dans la gaieté charmante et profonde de Florence. Elle avait mal vu, aux Offices, un tableau que Dechartre aimait. C’était une tête coupée de Méduse, une œuvre où Léonard, disait le sculpteur, avait exprimé la minutieuse profondeur et la finesse tragique de son génie. Elle voulait la revoir, déçue de ne l’avoir pas bien vue d’elle-même. Elle éteignit sa lampe et s’endormit.

Le matin, elle rêva qu’elle rencontrait, dans une église déserte, Robert Le Ménil enveloppé d’une pelisse de fourrure qu’elle ne lui connaissait pas. Il l’attendait, mais une foule de prêtres et de fidèles, survenue tout à coup, les avait séparés. Elle ne savait ce qu’il était devenu. Elle n’avait pu voir son visage et cela l’effrayait. S’étant réveillée, elle entendit à sa fenêtre, qu’elle avait laissée ouverte, un petit cri monotone et triste, et elle vit dans l’aube laiteuse passer une hirondelle. Alors, sans cause, sans raison, elle pleura. Elle pleura sur elle avec un désespoir d’enfant.