Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/171

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pensé qu’un changement d’air vous ferait du bien. Vous ne vouliez pas partir ; mais, comme vous étiez de plus en plus souffrante, il est parvenu à vous décider.

» Je n’ai pas vu, moi, que vous eussiez maigri. Il me semblait qu’au contraire votre santé ne laissait rien à désirer. Et puis Florence n’est pas une bonne station d’hiver. Je ne comprends rien à votre départ, j’en suis très tourmenté. Rassurez-moi de suite, je vous en prie…

» Si vous croyez que c’est agréable pour moi d’avoir de vos nouvelles par votre mari et de recevoir ses confidences ! Il s’afflige de votre absence et il est désolé que les obligations de la vie publique le retiennent en ce moment à Paris. J’ai entendu dire au cercle qu’il avait des chances de devenir ministre. Ça m’étonne, parce qu’on n’a pas l’habitude de choisir les ministres parmi les gens du monde. »

Puis il lui contait ses histoires de chasse. Il avait rapporté pour elle trois peaux de renard, dont une très belle ; la peau d’un brave animal qu’il avait tiré de son terrier par la queue et qui, s’étant retourné, l’avait mordu à la main. « Après tout, disait-il, cette bête était dans son droit. »

À Paris il avait des ennuis. Son petit cousin se présentait au cercle. Il craignait qu’il ne fût