Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/175

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distinction qui habitent Paris. Et lorsqu’elle les conte, elle fait comme mon cuisinier Pampaloni quand il sert les œufs sur le plat : il ne les sale pas, mais il met la salière à côté. La langue de madame Marmet est très douce. Le sel est à côté, dans ses yeux. C’est le plat de Pampaloni, my love : chacun le mange à son goût. Oh ! J’aime beaucoup madame Marmet. Hier, après votre départ, je l’ai trouvée seule et triste dans un coin du salon. Elle pensait à son mari, et c’était une pensée de deuil. Je lui ai dit : « Voulez-vous que je pense aussi à votre mari ? J’y penserai bien volontiers avec vous. On m’a appris qu’il était un savant homme, et membre de la Société royale de Paris. Madame Marmet, parlez-moi de lui. » Elle m’a répondu qu’il s’était voué aux Étrusques, et qu’il leur avait donné sa vie entière. Oh ! darling, j’ai tout de suite chéri la mémoire de ce monsieur Marmet qui vécut pour les Étrusques. Et c’est alors qu’une bonne idée m’est venue. J’ai dit à Madame Marmet : « Nous avons à Fiesole, dans le palais Pretorio, un modeste petit musée étrusque. Venez le visiter avec moi ! Voulez-vous ? » Elle m’a répondu que c’est ce qu’elle désirait le plus connaître de toute l’Italie. Nous sommes allées toutes deux au palais Pretorio ; nous avons vu une lionne et beaucoup de petits