Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/180

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répondit qu’en effet cette galerie n’avait rien d’intéressant. Déjà sous la terreur de lui déplaire, il fut rassuré et crut que vraiment, indifférente et distraite, elle n’avait saisi ni l’accent ni la signification de la parole échappée.

Il reprit :

— Non, rien d’intéressant.

Le prince, qui retenait les deux visiteuses à déjeuner, pria leur ami de rester avec elles. Dechartre s’excusa. Il allait sortir lorsque, dans le grand salon vide, orné sur les consoles de boîtes de confiseur, il se trouva seul avec madame Martin. Il avait eu l’idée de la fuir, il n’avait plus maintenant, que l’idée de la revoir. Il lui rappela qu’elle devait, le lendemain, visiter le Bargello.

— Vous avez bien voulu me permettre de vous accompagner.

Elle lui demanda s’il ne l’avait pas trouvée ennuyeuse et maussade aujourd’hui. Oh ! Non, il ne l’avait pas trouvée ennuyeuse, mais il avait cru qu’elle était un peu triste.

— Hélas ! Ajouta-t-il, vos tristesses, vos joies, je n’ai pas même le droit de les connaître.

Elle tourna sur lui un regard rapide, presque dur.

— Vous ne pensez pas que je vais vous prendre pour confident, n’est-ce pas ?

Et elle s’éloigna brusquement.