Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/197

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poche de son pardessus, il l’avait prise sur lui, pensant la rendre à sa nièce, et comment, par mégarde, il la déploya et l’agita sur l’assistance qui souriait.

Au nom de Lagrange, Thérèse se rappela l’étoile flamboyante annoncée par le savant, et se dit avec une tristesse narquoise que c’était le moment qu’elle vînt finir le monde pour la tirer d’affaire. Mais, au-dessus des murs précieux de la vieille église, elle vit le ciel qui, séché par le vent de la mer luisait d’un bleu pâle et cruel. Miss Bell lui montra une des statues de bronze qui, dans leurs niches ciselées, ornent les façades de l’église.

— Voyez, darling, comme ce Saint Georges est jeune et fier. Saint Georges était autrefois le chevalier dont rêvaient les jeunes filles. Et vous savez que Juliette s’écria en voyant Roméo : « Vraiment, c’est un beau Saint Georges ! »

Mais darling lui trouvait un air correct, ennuyeux et têtu. À ce moment, elle se rappela tout à coup la lettre qui était restée dans sa poche.

— Je crois que voici M. Dechartre, dit la bonne madame Marmet.

Il les avait cherchées dans l’église, devant le tabernacle d’Orcagna. Il aurait dû se rappeler l’attrait irrésistible que le Saint Georges de Donatello exerçait sur miss Bell. Il admirait aussi