Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/203

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Il semblait ne pas comprendre. Elle reprit :

— J’étais égoïste, j’étais imprudente. Vous me plaisiez ; j’avais du goût pour votre esprit, je ne pouvais plus me passer de vous. J’ai fait ce que j’ai pu pour vous attirer, pour vous retenir. J’ai été coquette… Je ne l’étais pas froidement, ni avec perfidie, mais je l’étais.

Il secoua la tête, niant qu’il s’en fût jamais aperçu.

— Si ! j’ai été coquette. Ce n’est pourtant pas mon habitude. Mais je l’ai été avec vous. Je ne dis pas que vous avez essayé d’en profiter, comme d’ailleurs vous aviez le droit de le faire, ni que vous en ayez tiré vanité. Je n’ai pas remarqué que vous fussiez fat. Il est possible que vous n’en ayez rien vu. Les hommes supérieurs manquent quelquefois de finesse. Mais je sais bien que je n’ai pas été ce que je devais être. Et je vous en demande pardon. Voilà pourquoi je suis venue. Restons bons amis, puisqu’il en est temps encore.

Il lui dit, avec une sombre douceur, qu’il l’aimait. Les premières heures de cet amour avaient été faciles et délicieuses. Il ne voulait que la voir et la revoir encore. Mais bientôt elle l’avait troublé, arraché hors de lui, déchiré. Le mal avait éclaté soudain et violent, un jour, sur la terrasse de Fiesole. Et maintenant, il