Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/240

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mes au premier jour de mai, à Primavera ? Vous ne vous êtes pas éveillée ce matin dans une féerie charmante ? Oh ! darling, vous ne célébrez pas la fête de la Fleur ? Vous ne vous sentez pas joyeuse, vous qui aimez les fleurs ? Car vous les aimez, my love, je le sais ; vous êtes tendre pour elles. Vous m’avez dit qu’elles éprouvaient de la joie et de la douleur, qu’elles souffraient comme nous.

— Ah ! j’ai dit qu’elles souffraient comme nous ?

— Oh ! vous l’avez dit. C’est leur fête aujourd’hui. Il faut la célébrer selon la coutume des aïeux, dans les rites consacrés par les vieux peintres.

Thérèse entendait sans comprendre. Elle froissait sous son gant la lettre qu’elle venait de recevoir, une lettre portant le timbre-poste italien et ne contenant que deux lignes :

« Je suis descendu cette nuit à l’hôtel de la Grande-Bretagne, Lungarno Acciaoli. Je vous attends dans la matinée. No 18. »

— Oh ! darling, vous ne savez pas que c’est la coutume, à Florence, de fêter le renouveau, au premier mai de chaque année ? Mais alors, vous ne compreniez pas tout à fait ce que voulait dire le tableau de Botticelli consacré à la fête de la fleur, ce Printemps délicieux et d’une joie rêveuse. Autrefois, darling, en ce premier jour