Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/247

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le petit nid de la rue Spontini, où nous avons été si heureux. Viens !

Il se jeta sur elle, ardent, les bras avides. Elle, les yeux pleins d’effroi, le repoussa avec une horreur glaciale.

Il comprit, s’arrêta et dit :

— Tu as un amant !

Elle abaissa lentement la tête, et puis la releva, grave et muette.

Alors il la frappa à la poitrine, à l’épaule, au visage. Et aussitôt, il recula de honte. Il baissait les yeux et se taisait. Les doigts aux lèvres et se rongeant les ongles, il s’aperçut que sa main s’était déchirée à une épingle du corsage et saignait. Il se jeta dans un fauteuil, tira son mouchoir pour essuyer le sang et demeura comme indifférent et sans pensée.

Elle, adossée à la porte, la tête droite, pâle, le regard vague, détachait sa voilette déchirée et redressait son chapeau avec un soin instinctif. Au petit bruit, naguère délicieux, que faisaient autour d’elle les étoffes froissées, il tressaillit, la regarda et redevint furieux.

— Qui est-ce ? Je veux le savoir.

Elle ne bougea pas. Son visage blanc portait la marque brûlante du poing qui l’avait frappé. Elle répondit, avec une fermeté douce :

— Je vous ai dit tout ce que je pouvais vous