Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/30

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tristesses sans causes, sa nature intime, son tempérament, sa vocation véritable, il les lui avait révélés. Elle se connut en le connaissant. Ce fut un étonnement heureux. Leurs sympathies n’étaient ni dans l’esprit ni dans l’âme. Elle avait pour lui un goût simple et précis qui ne s’usait pas vite. Et dans ce moment même elle se plaisait à l’idée de le retrouver le lendemain dans le petit appartement de la rue Spontini, où ils se voyaient depuis trois ans. C’est avec une petite secousse de tête assez violente, avec un haussement d’épaule plus brutal qu’on ne l’eût attendu de cette dame exquise que, seule au coin du feu maintenant éteint, elle se dit à elle-même : « Voilà ! J’ai besoin d’amour, moi ! »