Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/31

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II


Il ne faisait déjà plus jour quand ils sortirent du petit entresol de la rue Spontini. Robert Le Ménil fit signe à un fiacre rôdeur et, jetant sur la bête et sur l’homme un coup d’œil inquiet, entra avec Thérèse dans la voiture. L’un contre l’autre, ils roulaient entre des ombres vagues, coupées de brusques lumières, par la ville fantôme, n’ayant dans l’âme que des impressions douces et mourantes comme ces clartés qui venaient se mouiller à la buée des glaces. Tout, en dehors d’eux, leur semblait confus et fuyant, et ils sentaient dans leur âme un vide très doux. La voiture toucha près du Pont-Neuf, sur le quai des Augustins.