Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/309

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Elle fait ce que fait madame Mondanité sur le portail de la cathédrale de Bâle.

Mais Thérèse, qui était allée à Bâle, ne connaissait pas madame Mondanité. Elle examina de nouveau le petit bronze, ne comprit pas, et demanda :

— C’est donc bien inconvenant ? Comment une chose qui se fait sur le portail d’une église peut-elle être difficile à dire, ici ?

Tout à coup une inquiétude lui vint :

— Mon Dieu ! que penseront de moi M. et madame Fusellier ?

Puis, découvrant sur le mur un médaillon où Dechartre avait modelé un profil de gamine, amusante et vicieuse :

— Qu’est-ce que c’est que ça ?

— Ça, c’est Clara, une petite marchande de journaux de la rue Demours. Elle m’apportait le Figaro tous les matins. Elle avait des fossettes aux joues, des nids à baisers. Un jour, je lui ai dit : « Je vais te faire ton portrait. » Elle vint, un matin d’été, avec des boucles d’oreilles et des bagues achetées à la fête de Neuilly. Puis elle ne reparut plus. Je ne sais pas ce qu’elle est devenue. Elle était trop instinctive pour faire une grande cocotte. Voulez-vous que je l’ôte ?

— Non, elle est très bien dans ce coin. Je ne suis pas jalouse de Clara.