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Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/343

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— C’est la Couronne de Joinville, dit-elle.

Elle montra un sentier qui, partant du bassin, allait se perdre dans la campagne, du côté du levant.

— Voici mon chemin. Que de fois je m’y suis promenée tristement ! J’étais triste, quand je ne vous connaissais pas.

Ils retrouvèrent l’allée qui, avec d’autres tilleuls et d’autres nymphes, cheminait au delà du rond-point. Et ils la suivirent jusqu’aux grottes. C’était, dans le fond du parc, un hémicycle de cinq grandes niches de rocailles surmontées de balustres et séparées par des termes géants. L’un de ces termes, à l’angle du monument, les dominait de sa nudité monstrueuse, et abaissait sur eux son regard de pierre farouche et doux.

— Quand mon père acheta Joinville, dit-elle, les grottes n’étaient qu’un monceau de décombres plein d’herbes et de vipères. Des milliers de lapins y avaient fait leurs trous. Il a rétabli les termes et les arcades d’après les estampes de Perrelle, conservées à la Bibliothèque. Il a été lui-même son architecte.

Un désir d’ombre et de mystère les conduisit vers la charmille qui couvre le flanc des grottes. Mais un bruit de pas qu’ils entendirent, venant de l’allée couverte, les fit s’arrêter un moment. Et ils virent, à travers le feuillage, Montessuy