Aller au contenu

Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/381

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Mon joaillier, dit Thérèse, il est ici, et vous l’avez nommé : c’est M. Dechartre qui a bien voulu dessiner ce bijou.

La loge s’ouvrit. Thérèse tourna à demi la tête et vit dans l’ombre Le Ménil, qui la saluait avec sa brusque souplesse.

— Transmettez, je vous prie, madame, mes félicitations à votre mari.

Il la complimenta un peu sèchement sur sa bonne mine. Il eut pour miss Bell quelques paroles obligeantes et correctes.

Thérèse l’entendait, anxieuse, la bouche entr’ouverte, dans l’effort douloureux de répondre des choses insignifiantes. Il lui demanda si elle avait passé une bonne saison à Joinville. Il aurait bien voulu y aller au moment des chasses. Mais il n’avait pas pu. Il avait navigué sur la Méditerranée ; ensuite, il avait chassé à Sémanville.

— Oh ! monsieur Le Ménil, dit miss Bell, vous avez erré sur la mer bleue. Avez-vous vu des sirènes ?

Non, il n’avait pas rencontré de sirènes ; mais, pendant trois jours, un dauphin avait nagé dans les eaux du yacht.

Miss Bell lui demanda si ce dauphin aimait la musique.

Il ne croyait pas.

— Les dauphins, dit-il, sont tout bonnement