Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/403

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— Mon Dieu ! il est midi.

Elle avait jeté bien des fois le même cri d’alarme, quand l’heure des adieux venait les surprendre. Et Jacques tressaillit en entendant cette parole familière, si douloureuse, cette fois, et désespérée. Quelques minutes encore elle répandit des paroles ardentes et mouillées de larmes. Puis il fallut bien qu’elle s’en allât ; elle n’avait rien gagné.


Chez elle, elle trouva dans l’antichambre les Dames de la halle qui l’attendaient pour lui offrir un bouquet. Elle se rappela que son mari était ministre. Il y avait pour elle des paquets de télégrammes, de cartes et de lettres, des félicitations, des demandes. Madame Marmet lui écrivait pour la prier de recommander son neveu au général Larivière.

Elle entra dans la salle à manger, et tomba accablée sur une chaise. M. Martin-Bellème achevait de déjeuner. Il était attendu en même temps au conseil de cabinet et chez le ministre démissionnaire des finances à qui il devait une visite. Déjà l’obséquiosité prudente du personnel l’avait flatté, inquiété, lassé.

— N’oubliez pas, chère amie, dit-il, d’aller voir madame Berthier d’Eyzelles. Vous savez qu’elle est susceptible.