Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/70

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rabatteurs. Je vous assure que ce n’est pas facile de déloger un renard de son terrier. Ces parties de chasse sont très gaies. Caumont a une excellente cave. Pour ma part je ne m’en soucie guère, mais elle est généralement appréciée. Concevez-vous qu’un de ses fermiers est venu lui dire qu’il avait appris d’un sorcier le secret de brider le renard en prononçant des paroles magiques ? Ce n’est pas cette arme-là que j’emploierai, et je m’engage à vous rapporter une demi-douzaine de belles peaux.

— Qu’est-ce que vous voulez que j’en fasse ?

— On en fait de très jolis tapis.

— Ah !… et vous chasserez pendant huit jours ?

— Pas tout à fait. Me trouvant tout près de Sémanville, j’irai passer deux jours auprès de ma tante de Lannoix. Elle m’attend. L’année dernière, à cette époque, il y avait là-bas une bien belle réunion. Elle avait près d’elle ses deux filles et ses trois nièces, avec leurs maris ; elles sont toutes les cinq jolies, gaies, charmantes et irréprochables. Je les trouverai sans doute, au commencement du mois prochain, tous réunis pour la fête de ma tante, et je m’arrêterai deux jours à Sémanville.

— Mais, mon ami, restez-y tant que cela vous fera plaisir. Je serais désolée que vous abrégiez à cause de moi un séjour si agréable.