Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

inviter madame Bérard de la Malle : voilà deux ans qu’on ne dit plus rien d’elle. Qu’en pensez-vous ?

— Mais, mon ami, puisque je pars la semaine prochaine…

Il fut consterné.

 

Ils passèrent tous deux, muets et sombres, dans le petit salon où Paul Vence attendait. Il venait souvent, le soir, familièrement.

Elle lui tendit la main.

— Je suis bien contente de vous voir. Je vous fais des adieux, de petits adieux. Paris est froid et noir. Ce temps me fatigue et m’attriste. Je vais passer six semaines à Florence, chez miss Bell.

M. Martin-Bellème leva les yeux au ciel.

Vence demanda si elle n’était pas allée déjà plusieurs fois en Italie.

— Trois fois. Mais je n’ai rien vu. Cette fois je veux voir, me jeter, me tremper dans les choses. De Florence je ferai des promenades en Toscane, dans l’Ombrie. Et, pour finir, j’irai à Venise.

— Vous ferez bien. Venise, c’est le repos du dimanche, dans la grande semaine de l’Italie créatrice et divine.

— Votre ami Dechartre m’a parlé très joli-