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Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/124

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dans l’incapacité où il était de s’occuper de ses propres affaires. Il ne l’aimait plus. Mais elle était une grande part de sa vie. Il songea à ses filles, en ce moment auprès de leur tante à Arcachon, à Pauline, l’aînée, qui lui ressemblait et qui était sa préférée. Et il pleura.

Tout à coup, il vit à travers ses larmes le mannequin d’osier sur lequel madame Bergeret taillait ses robes et qu’elle avait coutume de placer dans le cabinet de M. Bergeret, devant la bibliothèque, sans entendre les murmures du professeur qui se plaignait d’embrasser et de promener cette femme d’osier chaque fois qu’il lui fallait prendre des livres sur les rayons. De tout temps, M. Bergeret s’était senti agacé par cette machine qui lui rappelait à la fois les cages à poulet des paysans et une certaine idole de jonc tressé, à forme humaine, qu’il voyait, quand il était petit, sur une des estampes de son histoire ancienne, et dans laquelle les