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Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/13

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Et M. Bergeret parla encore dans son cœur inquiet :

« Mais qu’est-ce que le temps, sinon les mouvements mêmes de la nature, et puis-je dire qu’ils sont longs ou qu’ils sont courts ? La nature est cruelle et banale. Mais d’où vient que je le sais ? Et comment me tenir hors d’elle pour la connaître et la juger ? Je trouverais l’univers meilleur, peut-être, si j’y avais une autre place. »

Et M. Bergeret, sortant de sa rêverie, se pencha pour assurer contre la muraille l’amas chancelant des in-quarto.

— Vous êtes un peu bruni, monsieur Roux, dit madame Bergeret, et il me semble, un peu maigri. Mais cela ne vous va pas mal.

— Les premiers mois sont fatigants, répondit M. Roux. Évidemment, l’exercice à six heures du matin, dans la cour du quartier, par huit degrés de froid, est pénible, et l’on ne surmonte pas tout de suite les dégoûts de la chambrée. Mais la