Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/218

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Vous savez, lui répondit M. Frémont, que les positivistes estiment que l’homme est un animal adorateur. Auguste Comte fut très attentif à pourvoir aux besoins de cet animal adorant ; et, après y avoir longuement réfléchi, il lui donna un fétiche. Mais il choisit la terre et non pas Dieu. Ce n’est pas qu’il fût athée. Il tenait, au contraire, l’existence d’un principe créateur pour assez probable. Seulement il estimait que Dieu était trop difficile à connaître. Et ses disciples, qui sont des hommes très religieux, célèbrent le culte des morts, des hommes utiles, de la femme et du grand fétiche, qui est la terre. Cela tient à ce que ces religieux font des plans pour le bonheur des hommes et s’occupent d’aménager la planète en vue de notre félicité.

— Ils auront beaucoup à faire, dit M. Bergeret, et l’on voit bien qu’ils sont optimistes. Ils le sont extrêmement, et cette disposition de leur esprit m’étonne. Il