Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Paillot, où, pourtant, la conversation est assez libre, les imaginations qui me viennent en ce moment à l’esprit, les idées qui me passent par la tête comme entrent dans une cheminée une nuée de sorcières à cheval sur leur balai, si je décrivais la façon dont je me représente soudain madame de Gromance, les attitudes incongrues que je lui prête, la vision qu’elle me donne, plus absurde, plus bizarre, plus chimérique, plus étrange, plus monstrueuse, plus pervertie et détournée des belles convenances, plus malicieuse mille fois et déshonnête que cette fameuse figure, introduite sur le portail nord de Saint-Exupère, dans la scène du Jugement dernier, par un ouvrier prodigieux qui, penché sur un soupirail de l’enfer, avait vu la Luxure en personne ; si je montrais exactement les singularités de ma rêverie, on me croirait en proie à une manie odieuse ; et pourtant je sais bien que je suis un galant homme, enclin de nature